Naïditch N, Hehn C, Servy H, Braithwaite B et Thébaut J-F. Congrès DSVR 2022, P25 (Novembre 2022)
Introduction : Le diabète et les maladies qui lui sont le plus souvent associées induisent une évolution généralement défavorable de la COVID-19. Alors que les données scientifiques disponibles suggèrent que la vaccination contre ce virus permettrait de diminuer le risque de développer une forme grave de la maladie, certaines personnes atteintes de diabètes doutent, voire s'opposent à la vaccination. Afin de les identifier et de mieux les comprendre, le Diabète LAB. de la Fédération française des diabétiques a réalisé une étude quantitative sur le rapport à la vaccination contre la COVID 19 des personnes diabétiques.
Méthode : Un questionnaire a été diffusé en ligne en avril 2021. Celui-ci a été co-construit avec des personnes diabétiques ainsi qu'avec un comité scientifique constitué de professionnels de santé et de chercheurs. Les variables qualitatives ont été analysées entre elles avec le test du Chi2 et les variables qualitatives et quantitatives ont été analysées à l'aide du test de Student.
Résultats : Au total, 3507 réponses ont pu être analysées. Les répondants étaient 85 % à être favorables à la vaccination et 15 % ne l'étaient pas. Les personnes les moins favorables à la vaccination avaient plutôt un faible niveau d'études et exerçaient une profession caractérisée par un faible niveau de revenus et de sécurité sur le marché de l'emploi. Ces personnes étaient proportionnellement plus nombreuses à déclarer avoir un diabète mal équilibré et souffrir d'autres complications/comorbidités. Si 67 % des personnes interrogées considéraient que les vaccins étaient efficaces, elles n'étaient que 51 % à penser qu'il y avait suffisamment d'éléments pour juger de l'absence d'effets toxiques des vaccins contre la COVID-19.
Discussion : Les personnes qui bénéficieraient le plus de la vaccination contre la COVID-19 y sont les moins favorables. Ce paradoxe apparent est l'une des manifestations des inégalités sociales de santé. Il existe en effet un lien entre la position dans la société (niveau d'études, de revenus, accès à l'emploi) et la santé. Les personnes ayant une position « basse » sont plus susceptibles que les autres d'être en mauvaise santé. En plus de ne pas toujours avoir les moyens financiers leur permettant de vivre, se nourrir et de se soigner correctement, il leur est également souvent difficile de comprendre le discours des professionnels et des autorités de santé. Cela se manifeste souvent par de la méfiance, voire de la défiance envers les discours institutionnels.
Conclusion : Une politique d'information réelle et compréhensible sur le rapport bénéfices/risques de la vaccination apparaît nécessaire avec une attention toute particulière aux personnes ayant un faible niveau d'études, de revenus et d'accès à l'emploi. Ce sont à la fois elles qui bénéficieraient le plus de la vaccination contre la COVID-19 et qui y sont les moins favorables. Ces résultats peuvent, dans une certaine mesure, être transposés aux autres vaccins recommandés aux personnes diabétiques (grippe, pneumocoque, zona, etc.).
(Poster) Naïditch N, Hehn C, Servy H, Braithwaite B, Thébaut J-F. Étude transversale quantitative du rapport des personnes diabétiques à la vaccination contre la COVID-19. Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 2022;70:S288. https://doi.org/10.1016/j.respe.2022.09.026.
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