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Utilisabilité d’objets connectés en recherche clinique et épidémiologique : résultats [...]

Servy, H., Jacquemin, C., Molto, A., Sellam, J., Foltz, V., Gandjbakhch, F., Hudry, C., Mitrovic, S., Fautrel, B., Gossec, L. (June 2017)



Objectif : Les bracelets connectés permettent de mesurer notamment l’activité physique et sont susceptibles de constituer une source de données en recherche clinique ou épidémiologique. Néanmoins, l’acceptabilité de ces dispositifs reste à discuter : de récentes études (cardiovasculaires) en France et aux États-Unis fournissent des résultats peu probants avec un taux d’attrition jusqu’à 90 % en quelques semaines. L’objectif de cette étude était d’évaluer sur trois mois l’adhérence au monitoring de l’activité physique par le port – motivé par le médecin spécialiste habituel – d’un bracelet connecté chez des patients souffrant de rhumatismes inflammatoires chroniques.


Méthode : Cette étude multicentrique longitudinale observationnelle a inclus de janvier à avril 2016 177 patients souffrant d’un rhumatisme inflammatoire et possédant un smartphone récent, suivis par leur médecin rhumatologue. Les patients devaient porter un bracelet connecté (prenant la forme d’une montre) tous les jours pendant trois mois et le synchroniser régulièrement avec leur smartphone. L’adhérence était évaluée par le nombre moyen de jours pendant lesquels le bracelet était porté et les données transmises. Les patients adhérents (port de la montre ≥ 80 jours/90) étaient comparés aux non-adhérents par régression logistique pour évaluer les facteurs favorisant l’adhérence (sexe, âge, obésité, activité professionnelle, niveau d’étude, type de rhumatisme, durée d’évolution, évaluation globale de la maladie par le patient, biothérapie). L’acceptabilité était évaluée par un questionnaire mis en place pour cette étude par les auteurs.


Résultats : Parmi les 177 patients, 64 (36 %) étaient des hommes ; l’âge moyen était de 45,4 ans (± 12,4) ; la durée moyenne d’évolution de la maladie de 10 ans ; et 96 (54 %) patients étaient traités par un traitement immunosuppresseur (biothérapie). Les patients ont porté le bracelet pendant en moyenne 80 jours (± 15) ; 124 (70 %) patients étaient considérés comme adhérents, car ils avaient porté leur bracelet ≥ 80 jours/90. Les patients adhérents ont porté leur bracelet 87,9 % du temps. L’adhérence au bracelet tendait à être positivement associée à un âge plus élevé, au sexe féminin, et à une moins bonne évaluation globale de la maladie (maladie plus symptomatique). Seulement 8 (5 %) patients étaient gênés par le bracelet du fait de leur rhumatisme, mais 31 (18 %) patients ont eu besoin d’aide pour la première synchronisation. L’acceptabilité du bracelet était notée par le patient en moyenne à 8,5/10 (0 = inacceptable, 10 = tout à fait acceptable). Respectivement, 108 (63 %) et 47 (27 %) patients envisageaient de continuer à porter le bracelet la plupart du temps ou occasionnellement après la fin de l’étude ; et à l’issue des trois mois 139 patients (78,5 %) portaient effectivement encore le bracelet. En termes de données, le dispositif échantillonnant les moments d’activité à la minute, et agrégeant ceux sans activité, 3 598 505 points de mesure furent captés. La non-synchronisation régulière a occasionné des pertes de données (mémoire du dispositif limitée à quatre jours).


Conclusion : Cette étude montre la faisabilité de l’utilisation d’un bracelet connecté chez des patients dont le port est motivé par leur médecin. Ceci permet d’envisager d’utiliser les données relatives à l’activité physique en recherche clinique et épidémiologique.


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